Ce billet est le premier d’une petite série consacrée à des motifs de fierté personnelle liés à mon travail. Je vous rassure : cette série ne sera pas très longue. Je commence par ma réalisation la plus visible (et pourtant si peu connue) : le fond cartographique de GéoPicardie devenu celui de Géo2France (osm.geo2france.fr).
Libre et interopérable
Au moment où ce projet a été lancé (2013 si ma mémoire est bonne), il n’y avait pas énormément de fonds cartographiques libres, de qualité, pérennes et adaptés aux usages d’acteurs publics. L’idée était de s’abstraire autant que possible de services proposés par des industriels dont les conditions d’utilisation ne nous auraient pas permis de fournir des fonds cartographiques à tous les acteurs du territoire (qu’ils soient publics ou non). Pour bon nombre d’utilisateurs Google Maps a été la solution de facilité et nous (c’est-à-dire l’équipe de GéoPicardie dont je faisais partie) souhaitions nous en tenir à l’écart (l’histoire nous a donné raison). De plus, nous avions besoin de rendre ce fond cartographique exploitable dans des environnements techniques propres aux acteurs publiques : accessible en WMS, WMTS et en Lambert 93 notamment. Tout ceci nous a poussé à produire un fond cartographique basé sur des solutions libres : qu’il s’agisse des données (OpenStreetMap et Natural Earth essentiellement), des logiciels (Mapnik et MapProxy principalement), ou de la police de caractères que j’affectionne tout particulièrement (Exo).
Joli
Pour qu’il soit utilisé par les partenaires de GéoPicardie et Géo2France, ce fond cartographique se devait d’être agréable visuellement. À l’époque, peu de fonds cartographiques basés sur des données libres satisfaisaient nos besoins. On avait bien accès à des fonds cartographiques très largement utilisés par les communautés libres (fonds de Stamen, MapBox et d’OpenStreetMap). Malheureusement, en termes graphiques, d’interopérabilité, de projection et de licence nous n’y trouvions pas notre bonheur. Le seul fond cartographique supportant WMS et basé sur OpenStreetMap était celui de GéoBretagne mais il souffrait de 2 défauts importants :
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moralement, nous ne pouvions pas décemment lui faire supporter des consommations supplémentaires car il était déjà très largement sollicité par toute la communauté geOrchestra métropolitaine ;
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graphiquement, ses styles étaient calqués sur des représentations de cartes routières inspirées par les premières cartes en ligne de Yahoo!, Bing et Google (projet basemaps).
Nous voulions proposer un fond cartographique neutre du point de vue de la thématique. Les fonds commerciaux type Google Maps sont particulièrement adaptés à la desserte de commerces avec une mise en avant des réseaux de transport, des entreprises et autres activités du territoire. L’idée maîtresse du fond cartographique de GéoPicardie et Géo2France était de mettre à disposition des acteurs publics un fond cartographique aussi discret que possible pour pouvoir y superposer et mettre en valeur des informations thématiques propres à chaque création cartographique. Le fond cartographique ne devait pas être l’objet principal de la carte mais simplement un élément permettant de la mettre en valeur. Pour ce faire nous avons préparé plusieurs variantes de couleurs : teintes vives, teintes délavées et niveaux de gris. Elles permettent aux réutilisateurs de choisir une ambiance adaptée à chaque carte.
Informations adaptées et usages variés
Au-delà des variantes de couleurs, plusieurs finitions ont été conçues pour élargir le cadre d’emploi :
- un fond sans toponymes qui permet à un tiers de superposer sa propre couche de noms de lieux :
- une variante essentiellement transparente ne contenant que les réseaux et les toponymes à utiliser comme couche d’habillage d’images aériennes ou satellites ;
- un fond contenant des surcharges adaptées aux naturalistes : obstacles aériens pour les animaux volants (lignes à haute tension et éoliennes) ainsi que le carroyage utilisé par les naturalistes.
Dernières évolutions
Depuis, ce projet a su évoluer sans moi et de manière très positive sous l’impulsion des équipes de Géo2France et de Neogeo Technologies. Quelques évolutions remarquables :
- résolution d’un problème aux limites des métatuiles : toponymes tronqués ou dupliqués ;
- ajout des numéros d’adresse aux plus grandes échelles ;
- ajout de courbes de niveau et d’un estompage figurant le relief.
Un travail sur le long terme
J’ai initié ce travail en 2013 comme une preuve de concept et le résultat est encore opérationnel. Même si j’en ressens beaucoup de fierté, je suis loin d’être le principal responsable de cela ; d’autres ont activement participé à sa réalisation puis à sa refonte : Nicolas Damiens (à l’époque où je travaillais étroitement avec Picardie Nature) pour la mise en place de la première infrastructure technique et les styles ciblés sur les besoins des naturalistes, mes anciens collègues de la Région Picardie pour leur aide à mettre au point les styles cartographiques et mes anciens collègues de Neogeo Technologies pour la refonte de l’infrastructure et la mise à jour des styles. Un merci tout particulier à Géo2France pour sa volonté sans faille autour de ce projet.
Certains d’entre vous noteront que le principe à l’origine de ces fonds est plutôt dépassé. Oui, produire des fonds cartographiques raster sous forme de pyramides multi-échelles était la règle de l’art au moment où Google Maps est apparu et ce n’est clairement pas une approche qui a de l’avenir. Il ne s’agit peut-être pas encore de la fin des tuiles raster mais depuis quelques années nous sommes passés à l’âge des tuiles vecteur.